mardi 4 mars 2014

2013: Annus horribilis pour les étudiants de niveau post-secondaire : Quand Pauline sort sa boîte de Pandore



Mamannnn… C’est le cri horrifiant que j’ai entendu en provenance de la chambre de mon fils au sous-sol.  Je croyais bien avoir à chausser mes espadrilles (je me promène toujours pieds nus) pour aller abattre une horrible bestiole poilue et menaçante de type arachnide, car mon fils en a une peur bleue, mais pas cette fois, heureusement ou malheureusement, selon que l'on doive débourser ou non.

Mon fils est la créature qui me fascine le plus sur cette terre. Heureux mélange entre un athlète de haut niveau et un solide bagage en politique internationale, il est le seul investisseur doué que je connaisse qui déteste les mathématiques mais qui réussit avec brio. Il est également le seul jeune homme que je connaisse qui est prêt à aller défendre sa patrie et les droits humains bafoués sur cette planète avec une kalachnikov,  mais qui recule de frayeur devant une araignée. 

Toujours est-il que je me pointe à sa chambre et que celui-ci me regarde les yeux horrifiés,  avec l’écume à la bouche, en pointant l’écran de son portable de l’index. «Regarde!  Mon argent s’est envolé»,  qu’il me dit en approchant  l’écran  plus près de moi. Pour un instant, je crois que je vais visualiser ses relevés de placements, lui qui ne jure que par ses actions dans un fonds «Chine élargie». Car oui, il a des placements, mais aussi, un REER et un CELI qu’il suit religieusement en tenant compte des mouvements internationaux et des concepts sagement appris dans un cours sur la mondialisation.  Mais non, cette fois, il s’agit de son relevé de frais de scolarité, un relevé 8 qui semble déclencher tout un émoi. 

Je consulte pour tenter de valider certaines informations avec lui. Quoi! Mais c’est mon argent à moi qui s’est envolé. (car oui, j’assume ses frais de scolarité, en partie). Notre cher gouvernement à m… comme dirait Yvon Deschamps nous en a passé une p’tite vite.  Il nous avait promis après le fameux printemps érable et la nuée de carrés rouges de ne pas augmenter les frais de scolarité. Évidemment, il ne l’a pas fait car il fallait bien calmer les ardeurs des manifestants puisque tôt ou tard, ces jeunes se pointeraient aux urnes. Ce cher gouvernement a réduit le crédit d’impôt des frais de scolarité en catimini pour le faire passer de 20% à 8% et ce, pour les sessions postérieures à l’hiver 2013. Comme si parents et étudiants, à l’image de la population vieillissante, nous allions tout oublier. Un bref calcul, me permet de valider que fils aura droit à un énorme crédit de 60$ pour avoir usé les bancs d’école 12 mois,  en  2013. Wow! La belle affaire! Tout pour encourager les jeunes à faire des études postsecondaires. 

Non sans avoir maugréé, j’allume soudainement en me disant que moi aussi,  j’ai repris le collier d’étudiant en 2013.  Je me rends donc sur le site de l’Université Laval pour visionner mon propre dossier d’étudiant en ligne.   Horreur monumentale, mes frais sont tout aussi amputés, moi qui ai consacré moult heures à peaufiner mes aptitudes en communication en m’engageant à la maîtrise.  Évidemment, mon langage s’est soudain mis à ressembler à celui d’un gars de chantier plutôt qu'à celui d'un érudit car j'ai l'impression de me faire avoir et une bachelière en administration, ça n'aime pas ce genre de tactique financière.

C’est ce qui s’appelle déshabiller Pierre pour habiller Paul. Comment la Première Dame, une ancienne enseignante, peut-elle cosigner une telle pratique? C’est abominable de vouloir contrer le décrochage scolaire et d’agir ainsi. C’est déjà si coûteux en temps, en argent et en vie social, des études postsecondaires  sans venir poignarder les étudiants dans le dos. En agissant de la sorte, Madame Marois va finir par refaire l’image de peuple «né pour un petit pain» de l’époque Duplessis et on va finir par être un peuple inculte. Déjà que la qualité du français est plus que dérisoire…

Si Madame Marois a su nous en passer une p’tite vite médiatique probablement pendant que les nouvelles étaient occupées à autre chose, sans doute occupées à couvrir la catastrophe dans ma ville natale, Lac-Mégantic. Elle devrait savoir que moi, j’ai la mémoire longue et qu’en général, ceux qui étudient longtemps ont une bonne mémoire aussi.  Mais moi, ma chère dame, avec tout le respect que je vous dois, je ne vais pas me cacher pour faire mes coups par en arrière même si je serai derrière un isoloir. Cette fois-ci,  mon «X», je saurai bien quoi faire avec. Le 7 avril prochain, je vous en conjure que ce n’est pas vous qui l’aurez. Me laisser berner par un élu (peu importe son allégeance) qui, de surcroît, est une ancienne enseignante et qui coupe en éducation? Je regrette mais je ne mange pas de ce pain-là. C'est de l'interventionnisme pas de gamme. Vous semblez oublier que ces jeunes sont notre avenir et que, si vous coupez dans leurs beaux projets, vous nous coupez l'herbe sous le pied à tout le peuple. Chère Madame Marois,  qui va vous soigner quand vous serez en âge de manger des purées?

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