Mamannnn… C’est le cri horrifiant que j’ai entendu en
provenance de la chambre de mon fils au sous-sol. Je croyais bien avoir à chausser mes
espadrilles (je me promène toujours pieds nus) pour aller abattre une horrible
bestiole poilue et menaçante de type arachnide, car mon fils en a une peur
bleue, mais pas cette fois, heureusement
ou malheureusement, selon que l'on doive débourser ou non.
Mon fils est la créature qui me fascine le plus sur cette
terre. Heureux mélange entre un athlète de haut niveau et un solide bagage en
politique internationale, il est le seul investisseur doué que je connaisse qui
déteste les mathématiques mais qui réussit avec brio. Il est également le seul
jeune homme que je connaisse qui est prêt à aller défendre sa patrie et les
droits humains bafoués sur cette planète avec une kalachnikov, mais qui recule de frayeur devant une
araignée.
Toujours est-il que je me pointe à sa chambre et que
celui-ci me regarde les yeux horrifiés, avec l’écume à la bouche, en pointant l’écran
de son portable de l’index. «Regarde! Mon
argent s’est envolé», qu’il me dit en
approchant l’écran plus près de moi. Pour un instant, je crois que
je vais visualiser ses relevés de placements, lui qui ne jure que par ses
actions dans un fonds «Chine élargie». Car oui, il a des placements, mais aussi,
un REER et un CELI qu’il suit religieusement en tenant compte des mouvements
internationaux et des concepts sagement appris dans un cours sur la mondialisation.
Mais non, cette fois, il s’agit de son
relevé de frais de scolarité, un relevé
8 qui semble déclencher tout un émoi.
Je consulte pour tenter de valider certaines informations
avec lui. Quoi! Mais c’est mon argent à moi qui s’est envolé. (car oui,
j’assume ses frais de scolarité, en
partie). Notre cher gouvernement à m… comme dirait Yvon Deschamps nous en a
passé une p’tite vite. Il nous avait
promis après le fameux printemps érable et la nuée de carrés rouges de ne pas
augmenter les frais de scolarité. Évidemment, il ne l’a pas fait car il fallait bien calmer les ardeurs des
manifestants puisque tôt ou tard, ces jeunes se pointeraient aux urnes. Ce cher
gouvernement a réduit le crédit d’impôt
des frais de scolarité en catimini pour le faire passer de 20% à 8% et ce, pour
les sessions postérieures à l’hiver 2013. Comme si parents et étudiants, à l’image
de la population vieillissante, nous allions tout oublier. Un bref calcul, me permet
de valider que fils aura droit à un énorme crédit de 60$ pour avoir usé les bancs d’école 12
mois, en 2013. Wow!
La belle affaire! Tout pour encourager les jeunes à faire des études
postsecondaires.
Non sans avoir maugréé, j’allume soudainement en me disant
que moi aussi, j’ai repris le collier d’étudiant
en 2013. Je me rends donc sur le site de
l’Université Laval pour visionner mon propre dossier d’étudiant en ligne. Horreur
monumentale, mes frais sont tout aussi amputés, moi qui ai consacré moult
heures à peaufiner mes aptitudes en communication en m’engageant à la maîtrise.
Évidemment, mon langage s’est soudain
mis à ressembler à celui d’un gars de chantier plutôt qu'à celui d'un érudit car j'ai l'impression de me faire avoir et une bachelière en administration, ça n'aime pas ce genre de tactique financière.
C’est ce qui s’appelle déshabiller Pierre pour habiller
Paul. Comment la Première Dame, une ancienne enseignante, peut-elle cosigner
une telle pratique? C’est abominable de vouloir contrer le décrochage scolaire
et d’agir ainsi. C’est déjà si coûteux en temps, en argent et en vie social,
des études postsecondaires sans venir poignarder
les étudiants dans le dos. En agissant de la sorte, Madame Marois va finir par refaire
l’image de peuple «né pour un petit pain» de l’époque Duplessis et on va finir
par être un peuple inculte. Déjà que la qualité du français est plus que
dérisoire…
Si Madame Marois a su nous en passer une p’tite vite médiatique
probablement pendant que les nouvelles étaient occupées à autre chose, sans doute occupées à couvrir la catastrophe dans ma
ville natale, Lac-Mégantic. Elle devrait savoir que moi, j’ai la mémoire longue
et qu’en général, ceux qui étudient longtemps ont une bonne mémoire aussi. Mais moi, ma chère dame, avec tout le respect
que je vous dois, je ne vais pas me cacher pour faire mes coups par en arrière
même si je serai derrière un isoloir. Cette fois-ci, mon «X», je saurai bien quoi faire avec. Le 7
avril prochain, je vous en conjure que ce n’est pas vous qui l’aurez. Me
laisser berner par un élu (peu importe son allégeance) qui, de surcroît, est une ancienne
enseignante et qui coupe en éducation? Je
regrette mais je ne mange pas de ce pain-là. C'est de l'interventionnisme pas de gamme. Vous semblez oublier que ces jeunes sont notre avenir
et que, si vous coupez dans leurs beaux projets, vous nous coupez l'herbe sous le pied à tout le peuple. Chère Madame Marois, qui va vous soigner quand vous
serez en âge de manger des purées?
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