samedi 10 mai 2014

Les « puckés » de la vie : Quand Maman et Papa sont là sans y être vraiment

Je viens de terminer, il y a quelques jours déjà, la lecture du roman d'Anaïs Barbeau-Lavalette,  « Je voudrais qu'on m'efface » et je dois avouer que bien que ce ne fut pas un grand chef d'oeuvre littéraire, il n'en demeure pas moins, que je repasse constamment certains passages dans ma tête et plus particulièrement, en cette fin de semaine de la Fête des mères. 

Il s'agit de l'histoire de trois enfants de 12 ans vivant dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, un des quartiers les plus défavorisés de Montréal. L'une d'eux,  Mélissa, est en charge de ses deux petits frères parce que sa mère préfère se prostituer pour se procurer de la drogue. Kevin, lui,  n'a qu'un univers: celui des jeux vidéo et des matchs de lutte de son père: un chômeur. Quant à Roxane, mésadaptée socio-affective, elle trouve refuge dans sa passion pour la musique et la Russie, pour oublier la violence familiale et les beuveries de sa mère. Tous ont en commun la misère sociale, financière, mais surtout, affective.   Ce sont des jeunes assoiffés d'amour, mais aux parents démunis, inaptes, à qui la vie ne fait pas de cadeaux et qui, par ricochet, ont un bien mauvais départ dans la vie. Impossible d'être insensible à ces écrits, surtout quand on a déjà vécu dans le  « bronx » de Sherbrooke et qu'on partait le matin, conduire son fils à l'école avec ses vêtements proprets et sa boîte à lunch remplie d'aliments nutritifs alors que plusieurs petits copains de classe étaient vêtus de manière inconvenable ou ne mangeaient pas à leur faim.

Je sais que ce n'est pas la faute de ses bouts de choux s'ils vivent dans des conditions parfois précaires mais plusieurs d'entre eux n'avaient l'attention de leurs parents que lorsqu'ils faisaient la pluie et le beau temps à l'école alors que d'autres, n'avaient que pour références culturelles cette chère boîte à  « léguminer » (lire téléviseur)  et que pour plusieurs d'entre eux, la seule fois où leurs parents leur adressaient la parole dans la journée était vers 17h30, moment où les  « Awèye Rentre icitte (juron)... sinon tu souperas pas », pullulaient. Bref, des enfants à qui la vie n'avait pas fait de cadeaux tout autant qu'à leurs parents. J'avais presque oublié cette époque depuis que je réside dans un beau quartier, comme on dit par chez nous.

Heureusement, qu'il y avait le bon samaritain du service de garde en milieu scolaire, Serge, les parents bénévoles, René qui faisait la bonne soupe-repas avec ses ingrédients personnels pour les écoliers au bedon qui criaient,  les voisins aimants et les professeurs de vocation, pour montrer à ces enfants que les adultes, ce ne sont pas que des gens qui ne s'intéressent qu'à toi que quand tu fais du mal ou que tu as des mauvaises notes. Les adultes, ce sont aussi des personnes sur qui tu peux compter quand tu as le goût de pleurer ou de tout lâcher, ou quand tu ne comprends pas dans tes cours, pour souligner tes bons coups ou quand tu as besoin d'un peu d'encouragement dans les moments difficiles. Car si le monde n'est pas facile pour ceux qui vivent dans ce qu'on appelle des bonnes familles, imaginez le désarroi de ceux qui vivent dans la misère et pas seulement la misère financière, la misère humaine, tout court. Imaginez le désarroi de celui qui se tourne vers un parent inapte à l'aider.

N'oubliez pas que tous n'ont pas la même chance et que les enfants apprennent par l'exemple.  Et cela n'est pas une question de richesse monétaire mais d'empathie et de croire en l'autre, à son potentiel. Aux parents qui sont mal pris, de grâce, allez chercher de l'aide car si votre vie n'est pas celle que vous souhaitiez, n'imposez pas le même type de futur à votre progéniture. Si vous faites partie des chanceux, qui, comme moi, ont connu une enfance heureuse,  et que vous voyez l'un de ces enfants, accordez-lui votre attention et n'hésitez pas à lui donner quelques mots d'encouragement car votre attitude pourrait faire une grande différence dans son avenir. Devenez donc une maman ou un papa de cœur. 

Sur ce, je souhaite une bonne fête des mères à toutes et même aux papas qui jouent les deux rôles mais plus particulièrement, à la mienne, à mes sœurs et à mes tantes et cousines, qui sont toutes des mamans et /ou  des mamans de cœur...

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